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Les investissements chinois en France font face à quatre obstacles

« Economy & Nation Weekly » rapporte que les entreprises chinoises qui pensent investir en France doivent faire face à trois grands obstacles, à savoir coût de revient élevé, manque d'expérience et de capacité dans l'exploitation transnationale ainsi qu'insuffisance de confiance politique mutuelle et d'identité culturelle, tandis que la crise de la dette dans la zone euro est devenue le quatrième principal obstacle.

Les trois seuils que doivent franchir les entreprises chinoises qui désirent investir en France.

Selon les estimations de Wang Zijun, Inspecteur général du Département d'investissement et de financement des entreprises de l'Association pour la promotion d'investissement du transfert industriel, de 2005 jusqu'à fin 2009, le taux de survie a été de près de 10% pour les entreprises chinoises qui ont investi en France, ce qui est de loin inférieur au niveau moyen du taux de réussite de l'investissement outre-mer des entreprises chinoises. Le Conseil chinois pour le Développement du Commerce international a publié de son côté un rapport qui indique que pour les investissements outre-mer des entreprises chinoises, un tiers connaissent le succès, un autre tiers l'échec et le troisième les affaires blanches.

Des spécialistes du milieu indiquent que le coût de revient élevé constitue le premier seuil à franchir par les entreprises chinoises qui souhaitent investir en France. Ce coût élevé contient les sujets suivants : connaissance des lois et des règlements français, respect et obéissance au système de garantie des droits et intérêts des travailleurs français, amélioration constante de l'environnement de la production et de la norme de contrôle de la sécurité, … etc.

Olivier Monange, associé au Cabinet DS Avocats, un cabinet d'avocats international de droit privé et public des affaires, a fait remarquer que le système juridique et les conditions spécifiques de la Chine et de la France sont complètement différents et qu'il est fort possible que les pratiques faisables et d'usage courant en Chine pour les entreprises seraient inapplicables et irréalisables en France. Quant au Docteur Li Dan, de l'Institut diplomatique de Beijing, il pense que la France et les autres pays de l'Union européenne, ils disposent de normes complètes et parfaites de régulation du marché, dont par exemple celles sur le salaire, le bien-être et l'assurance du travailleur et autres. Dans certains secteurs, ce genre de système normatif est « tellement et excessivement » détaillé qu'il gêne et empêche les entreprises chinoises de recruter des travailleurs. Pascal Gondrand, Représentant en chef pour la grande Région chinoise du et Conseiller économique et commercial d'Invest in France Agency (IFA), a insisté sur l'importance pour les investisseurs chinois de connaître parfaitement les lois et les règlements appliqués en France et il a dit : « Les entreprises chinoises d'investissement doivent obligatoirement faire des efforts dans ce sens et c'est le premier pas qu'elles seront obligées de faire avant de pouvoir réussir dans leurs affaires dans notre pays. ». Quant à cela, Wang Zijun est entièrement d'accord et il a insisté sur les démarches suivantes à faire : contact et traitement avec plusieurs départements, dont le bureau de promotion économique et la chambre du commerce, versement de l'impôt et de l'assurance, choix du bureau de travail, achat des équipements et des matériels de bureau, réglementation sur la rémunération salariale, location ou achat de logement, paiement de polices d'assurance, contact avec le bureau de contrôle de devises, emprunt du transport public ou bien achat d'une voiture privée, … etc. Toutes ces choses-là, il faut les faire et les accomplir, sinon il pourrait y avoir beaucoup de problèmes et d'ennuis.

L'amélioration de la capacité d'exploitation transnationale constitue pour les entreprises chinoises qui pensent investir en France le deuxième seuil à franchir et cette capacité comprend entre autres un objectif commercial clair et précis, une stratégie de développement établie en fonction des conditions locales et une équipe de travail dont les membres sont solidaires, coopératifs et qui s'entendent bien.

« La technique, le capital, le degré d'assortiment des produits et la marque constituent pour nous le grand principe d'acquisition. », a déclaré un responsable du département des valeurs de Weichai Power Co. Ltd., L'un des plus grands fabricants chinois de moteur diesel et de pièces accessoires d'automobiles qui a réussi en mars 2009 à acheter la Société internationale des Moteurs Baudouin qui conçoit, fabrique et commercialise des moteurs diesel marins, des ensembles propulsifs complets ainsi de des groupes électrogènes de bord.

Comment faire pour que les entreprises chinoises puissent connaître parfaitement la culture commerciale française, ce qui leur permettra d'acquérir la confiance du gouvernement français, des organisations syndicales ainsi que des autres groupements commerciaux, comment agir pour que les employés et les travailleurs locaux français puissent accepter les entreprises chinoises ainsi que leur marque et leur culture, ce afin de pouvoir renforcer la communication et la confiance entre les deux parties, tout cela est le troisième seuil que doivent franchir obligatoirement les entreprises chinoises qui souhaitent investir en France.

A l'heure actuelle, une fois qu'une entreprise chinoise ait réussi sont projet de fusion-acquisition d'une entreprise française, il lui faut nécessairement maintenir l'ensemble des employés et travailleurs locaux de nationalité étrangère. On peut citer l'exemple de ZTE Corporation, premier fabricant de téléphonie mobile de Chine, dont la branche en France emploie des travailleurs dont plus de 70% sont locaux. « Comment faire pour recruter et utiliser au mieux les travailleurs autochtone et pour trouver des partenaires autochtones est un des principaux problèmes auxquels nous devons faire face actuellement. », a dit Xie Junshi, Directeur général Adjoint d'un département de ZTE Corporation France.

« Le modèle de gestion et de contrôle des travailleurs est une importante condition préalable de la réussite d'une entreprise, car une bonne équipe de ressource humaine constitue la clé du succès de l'investissement. », a ajouté Pascal Gondrand.

Il faut agir avec prudence face aux appels d'investissements et de fonds.

D'après les données statistiques établies par la représentation à Shanghai d'IFA, le volume global des investissements chinois en France a atteint 1,5 milliards d'euros en 2009, soit 0,26% de la totalité des investissements internationaux en France.

« Le nombre des investissements chinois en France est limité et la part d'investissement est peu élevé. La raison c'est que pour les entreprises chinoises, elles ont peu de projets d'investissement à l'étranger, alors qu'en réalité, il y a peu de temps qu'elles ont commencé à procéder à l'investissement outre-mer. », a fait remarquer Pascal Gondrand qui se trouve actuellement à Shanghai.

Toutefois, a-t-il dit, l'investissement outre-mer des entreprises chinoises s'est développé rapidement et la coopération franco-chinoise dans le domaine d'investissement peut continuer à s'étendre du fait qu'il existe un grand espace pour elle. A cet effet, la France a adopté à l'égard de la Chine une série de mesures d'appel aux investissements et aux fonds.

Le 14 mai dernier, Christian Estrosi, Ministre français chargé de l'Industrie et Président de Nice Cote d'Azur, est arrivé à Shanghai à la tête d'une délégation et il a tout de suite convoqué une réunion pour faire la publicité du Projet de la « Vallée écologique » de la ville de Nice tout en présentant les mesures politiques préférentielles susceptibles d'attirer des entreprises chinoises pour qu'elles s'y installent et y investissent. Auparavant le 10 mai, IFA a organisé à Shanghai une grande manifestation de propagande « La France : recherche constante de la perfection » et il est présenté les avantages de l'investissement en France, le but de cette activité est d'encourager un plus grand nombre d'entreprises chinoises à investir en France. Quant à la région française de Lille, elle profite des opportunités offertes par l'Exposition universelle de Shanghai pour organiser de mai jusqu'au juillet prochain diverses activités de petite ampleur ayant pour objectif de présenter aux entreprises chinoises les bonnes conditions d'investissement de Lille ……

Au moment où la France déploie beaucoup d'efforts pour attirer l'attention des investisseurs chinois, l'Europe est en train de souffrir des effets produits par la crise de la dette. « Sous l'influence de la crise de la dette souveraine en Europe, le marché européen, y compris celui de la France, est en régression et les gouvernements des pays européens sont en train de mettre au point des mesures visant à réduire les dépenses publiques et le bien-être social, à accroître les recettes et à économiser sur les dépenses. », a indiqué Yu Baitao, spécialiste de la branche de Paris de la Banque de Chine.

Li Gang, Directeur du département d'études sur l'Europe de l'Institut du Commerce international et de la Coopération commerciale du Ministère chinois du Commerce, a indiqué de son côté que dans l'époque post-crise, le développement économique de la France souffre du manque d'une force motrice extérieure. C'est pourquoi elle souhaite renforcer sa coopération avec la Chine pour pouvoir promouvoir le développement de son économie et jouir des avantages apportés par le développement rapide de l'économie chinoise, ce qui lui permettra alors de renforcer sa position et de jouer un plus grand rôle au sein de l'Union européenne. Quant aux entreprises chinoises, elles se trouvent actuellement dans la phase de grande ampleur de « sortie du pays » et cela est vraiment une bonne opportunité. Cependant, pour ce qui est de l'exploitation et de la mise en valeur du marché français par les entreprises chinoises, il existe en même temps et opportunité et défi.

Certains spécialistes ont indiqué que dans la situation actuelle où la crise de la dette souveraine continue à s'étendre en Europe, où l'économie européenne connaît une régression générale et où les facteurs indéterminés augmentent sans cesse, il est important pour les entreprises chinoises de réfléchir mûrement et d'agir avec prudence avant de décider d'investir en France et en Europe. D'un côté, nombreuses sont les entreprises chinoises qui désirent investir en France dans le but de s'introduire sur le marché européen. C'est pourquoi il est important pour elles de réfléchir à cela : la crise économique refreine et maîtrise la consommation et Europe dont le pouvoir d'achat de ses habitants a diminué dans l'ensemble, c'est la raison pour laquelle qu'il est fort possible que pour les entreprises d'investissement, le taux de retour escompté serait assez faible et bas.

De l'autre côté, compte de la situation actuelle, la dévaluation de l'euro se poursuivra pour une durée relativement longue, ce qui sera défavorable à la valorisation de l'actif des entreprises d'investissement. Une autre inquiétude des investisseurs concerne la réalité suivante : la politique préférentielle appliquée actuellement en France à l'égard des investisseurs a pour but de faire face à la crise, c'est pourquoi il faut attendre pour voir la suite …… et la continuité de cette politique.

Avoir pour appui les échanges dans divers domaines.

Le développement de l'investissement en France des entreprises chinoises constitue un processus de réajustement auquel les deux parties chinoise et française doivent s'adapter petit à petit. Pour les entreprises chinoises, elles doivent faire des efforts pour pouvoir s'habituer aux changements de l'époque post-crise, pour élever leur compétitivité internationale, pour améliorer leur propre image et pour rehausser le prestige de leur marque. Tout en encourageant les entreprises chinoises à « sortir du pays » et à « aller vers l'étranger », le gouvernement chinois doit les conduire et les soutenir en établissant à leur égard des mesures politiques d'appui. Quant à la France, elle doit abandonner les « lunettes noires » qu'elle portait et considérer la Chine de façon juste et équitable pour pouvoir être de bonne foi et de bonne volonté dans l'accueil réservé aux entreprises chinoises et pour pouvoir accepter sincèrement la culture chinoise.

Il faut faire preuve de compréhension mutuelle dans les échanges économiques et commerciaux entre les deux pays. Il est important pour la Chine et pour la France de renforcer et d'intensifier leurs échanges de vues et d'idées et de créer ainsi une situation de bonne entente bilatérale », a dit Li Gang, de l'Institut d'études du Ministère chinois du Commerce, qui a ajouté que les entreprises chinoises doivent faire beaucoup d'efforts pour comprendre la culture commerciale de la France, alors que celle-ci doit également faire des efforts pour pouvoir comprendre la culture confucianiste chinoise. « Le développement stable des relations économiques et commerciales bilatérales nécessite comme soutiens les échanges multisectoriels dans divers et différents domaines, dont principalement ceux de l'humanisme, de la science, de la technique et de l'industrie, et ce n'est qu'ainsi que le développement pourrait être continuel et durable ». Il est non seulement important de maintenir la communication entre les hauts dirigeants des deux pays, il est nécessaire également d'étendre et de développer les contacts et les échanges entre les divers milieux de la société chinoise et de la société française.

Pour les gouvernements des deux pays, il est d'une grande importance pour eux d'aider les entreprises chinoises à connaître de façon claire, précise et systématique les conditions d'investissement locales. « Le mieux c'est de mettre au point un manuel d'investissement opérationnel commençant par le ‘A' et finissant par le ‘Z'. », a proposé Zhang Mingjie, du cabinet d'avocats Boss & Young, qui a ajouté que le gouvernement doit citer des exemples pour les entreprises chinoises d'investissement qui désirent s'installer en France.

Olivier Monange de DS Avocats a indiqué que les gouvernements des deux pays ont effectivement accordé certaines mesures politiques de préférence et de soutien au profit des entreprises chinoises qui souhaitent investir en France. Mais, comparaison faite avec avec les aides accordées par les missions diplomatiques françaises à l'étranger et par les départements économiques français aux entreprises françaises qui « sortent du pays », il y a beaucoup de choses à faire et à apprendre pour les missions diplomatiques et les organismes économiques accrédités par le gouvernement chinois à l'étranger.

Yu Botao pense que pour le gouvernement chinois, en dehors de l'aide accordée aux entreprises qui ont l'intention d'investir en France pour qu'elles puissent connaître vraiment l'environnement d'investissement dans ce pays et de faire régulièrement le bilan des cas d'investissement, peut-il en outre entamer avec la partie française des discussions sur le plan politique pour procurer des facilités aux citoyens chinois qui travaillent et vivent en France. Par exemple conclure avec la partie française un accord de reconnaissance mutuelle du permis de conduire, … etc.



Source: le Quotidien du Peuple en ligne
Mise à jour 17.06.2010