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Les entreprises chinoises confrontées à des barrières commerciales

Selon les experts, les obstacles commerciaux sont du protectionnisme déguisé

En dépit d'une diminution importante des restrictions opposées aux marchandises et services chinois par les partenaires commerciaux de la Chine l'année dernière, les sociétés chinoises doivent encore faire face à des barrières que ce soit au niveau commercial ou des investissements, observait mardi le ministère du Commerce.

En 2010, 66 enquêtes portant sur des mesures de protection commerciale, dont des mesures antidumping, antisubventions et des mesures de protection spéciales ont été lancées par 16 partenaires commerciaux majeurs de la Chine, selon un rapport publié par le ministère du Commerce.

Ces enquêtes concernaient un volume commercial potentiel de 7,14 milliards de dollars. Le ministère a publié ce rapport qui examine les barrières commerciales internationales depuis 2003. Les chiffres de 2010 sont de loin inférieurs aux 116 enquêtes lancées en 2009 qui représentaient un volume commercial potentiel de 12,7 milliards de dollars.

Huo Jianguo, directeur de l'Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique a indiqué que cette baisse sensible était directement liée à l'amélioration de la situation économique mondiale, contrairement à l'année dernière où certains pays avaient désigné la Chine comme bouc émissaire alors que sévissait la crise financière internationale.

« La baisse du nombre d'enquêtes montre que l'économie mondiale repart et souligne également les efforts de la Chine pour établir des relations commerciales plus équilibrées avec ces partenaires », a-t-il déclaré.

« Néanmoins, le protectionnisme commercial s'accroît », tempère-t-il.

Ainsi, les États-Unis ont ouvert 19 enquêtes sur la base de la Section 337 contre les importations chinoises en 2010, alors qu'ils n'en avaient ouvert que huit en 2009.

Les enquêtes sur la base de la Section 337 sont conduites par la Commission américaine du commerce international et traitent le plus souvent de questions liées aux droits de propriété intellectuelle ou de problèmes en relation avec les marchandises importées.

« Les barrières commerciales et les mesures de protection prises par les États-Unis contre les produits chinois ont affecté le commerce bilatéral », a déclaré mardi Yao Jian, porte-parole du ministère du Commerce, lors d'une conférence de presse.

Sur les 66 enquêtes commerciales visant la Chine, six ont été lancées par les États-Unis et portent sur une valeur totale de 860 millions de dollars. Les États-Unis ont également lancé 19 enquêtes sur la base de la Section 337.

Le commerce entre la Chine et les États-Unis a atteint 385 milliards de dollars en 2010, en hausse de 29,2 % en glissement annuel. L'excédent de la balance commerciale sino-américaine a atteint 181 milliards de dollars au profit de la Chine sur la même période, selon l'Administration générale des douanes.

Selon Yao, cet excédent provenant essentiellement des produits manufacturés ne devrait pas servir à justifier les barrières commerciales puisque les États-Unis enregistrent de leur côté un excédent commercial de 10 milliards de dollars au détriment de la Chine pour ce qui est des services.

Les produits américains les plus importés par la Chine sont le soja, les processeurs et les avions, alors que les marchandises achetées par les États-Unis sont essentiellement des ordinateurs, des jouets et des chaussures. Long Guoqiang, chercheur associé au sein du département des relations économiques étrangères du Centre de recherche sur le développement, rattaché au Conseil des affaires d'État, affirme que les progrès techniques effectués par les entreprises chinoises sont la cause réelle motivant le recours de plus en plus fréquent aux enquêtes sur la base de la Section 337.

« D'une certaine façon, la tension commerciale existant entre la Chine et les États-Unis revêt un caractère politique, en ce qu'elle implique notamment la sécurité nationale », explique Long.

D'ailleurs, selon les experts en commerce, la sécurité nationale est l'un des problèmes majeurs auquel sont confrontées les entreprises chinoises souhaitant se développer à l'international.

« Les restrictions américaines sur les importations de haute technologie chinoises sont “strictes et larges” et ont accru le déséquilibre commercial entre la Chine et les États-Unis », observe Yao.

De nombreuses entreprises chinoises, notamment de grands groupes comme le géant des équipements de télécommunication Huawei ont vu leurs projets de fusions et acquisitions remis en cause en raison des craintes pour la sécurité nationale exprimées par les États-Unis.

Wang Zhile, professeur à l'Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique a expliqué que la définition du concept de « sécurité nationale » était ambiguë et très pratique pour dissimuler des mesures protectionnistes.

« Tant la Chine que les États-Unis devraient renoncer à “leur mentalité de Guerre froide”, les deux pays ayant beaucoup à gagner de l'augmentation du commerce bilatéral », a-t-il déclaré.

« La Chine est déterminée à poursuivre son ouverture, car la concurrence est le meilleur moyen de faire progresser les réformes et d'améliorer la qualité de vie de la population », a déclaré samedi dernier le ministre du Commerce Chen Deming.

« La Chine prévoit de poursuivre la diminution des restrictions imposées sur les investissements étrangers, mais les pays développés doivent de leur côté lui offrir un accès égal à leur marché », a-t-il poursuivi.

Selon le ministère du Commerce, en 2010, les investissements directs étrangers (IDE) de la Chine ont atteint 59 milliards de dollars, ce qui ne représente que 60 % des IDE réalisés en Chine.

En attendant, les experts en commerce ont encouragé les États-Unis à poursuivre la réduction des déséquilibres commerciaux entre les deux pays en levant les contrôles effectués sur les importations de produits de haute technologie.

« La perte invisible causée par les restrictions des États unis sur les importations de produits de haute technologie chinois est difficile à évaluer » explique Long, mais il est clair que les États-Unis ont perdu de nombreuses opportunités d'affaires au profit de leurs concurrents.

« La demande solide de la Chine en importations de produits de haute technologie continue à s'accroître alors que les importations effectuées par les États-Unis ne cessent de diminuer, donc nous avons passé davantage de contrats dans ce domaine avec les entreprises européennes et japonaises, poursuit Long. C'est dommage pour les entreprises américaines. »

Au cours des trois premiers mois de l'année, le flux d'IDE en Chine a bondi de 29,4 % par rapport à l'année dernière, atteignant 30,34 milliards de dollars, selon les chiffres communiqués par le ministère du Commerce.



china.org.cn 2011/04/20