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Enquête sur la consommation d'articles de luxe en Chine



Pendant la période de la Fête du printemps 2011, les Chinois qui ont voyagé à l'étranger ont poussé encore une fois la consommation mondiale. Selon un reportage, le 5 février 2011 dans la soirée, près de 800 touristes chinois ont fait des achats dans le Macy's Department Store de Las Vegas durant deux heures. Pendant les vacances de la Fête du printemps, les familles de Beijing parties pour l'Europe ont chacune dépensé en moyenne 50 000 ou 60 000 yuans. Selon les chiffres publiés le 9 février par le chinois Union Pay, entre le 2 et le 8 février, le montant des transactions Union Pay à l'extérieur de la Chine a augmenté de 44 % par rapport à la même période de l'année précédente.

« De juin 2010 à aujourd'hui, la consommation d'articles de luxe par les Chinois a occupé 65 % du marché en Europe », explique Ouyang Kun, du bureau de représentation en Chine de l'Association mondiale des articles de luxe. Il ajoute que dans quelques années, le montant de la consommation d'articles de luxe par la Chine dépassera celui du Japon, pour devenir le premier du monde. Une enquête menée récemment par cette association montre que les consommateurs d'articles de luxe chinois sont de 15 ans plus jeunes que ceux de l'Europe, et de 25 ans plus jeunes que ceux des États-Unis.

La psychologie pour la consommation est la clé

D'après Ouyang Kun, une enquête menée par l'Association mondiale des articles de luxe sur des consommateurs chinois montre qu'une bonne moitié des personnes interrogées est âgée de 25 à 28 ans, et a un revenu mensuel de 10 000 yuans.

Le rajeunissement rapide des consommateurs d'articles de luxe chinois est étonnant : entre 2007 et 2010, l'âge le plus bas de ce groupe de consommateurs est passé de 35 à 25 ans.

« Dans les 3 ou 5 ans à venir, les consommateurs âgés de 25 à 30 ans deviendront les principales forces de la consommation d'articles de luxe en Chine », a indiqué Ouyang Kun. En Chine, les articles de luxe comprennent principalement les vêtements, les parfums, les montres et les articles de cuir, tandis qu'en Europe et aux États-Unis, ce sont des immeubles de luxe, des automobiles et des pierres précieuses.

D'après Ouyang Kun, le rajeunissement des consommateurs d'articles de luxe est dû aux enfants des personnes fortunées. « En Europe et aux États-Unis, peu de parents achètent des articles de luxe à leurs enfants. Mais en Chine, ce n'est pas le cas. Les riches chinois de la première génération espèrent que leurs enfants bénéficieront des articles de luxe », a précisé Ouyang Kun. « Pour les Chinois, l'achat d'articles de luxe n'est pas déterminé par le revenu ou l'âge des consommateurs, mais par leur psychologie pour la consommation. »

Un bon nombre d'entre eux sont des jeunes gens qui suivent la mode. L'argent qu'ils dépensent pour l'achat d'articles de luxe représente souvent une bonne part de leur revenu.

Le Rapport 2010 de l'enquête sur le comportement psychologique des consommateurs d'articles de luxe chinois révèle que plus de 70 % de ces jeunes consommateurs ne prêtent pas attention à la culture de la marque, mais veulent que les gens sachent qu'ils possèdent quelque chose de cher.

L'enquête révèle encore que le rang de consommateurs d'articles de luxe grossit dans les villes chinoises de second plan. Ces consommateurs ont dépensé, en 2010, davantage que les habitants de mêmes revenus des métropoles.

Dans une telle ambiance d'achat frénétique, la Chine semble devenir un « paradis des articles de luxe ». L'année dernière, les importations dans le pays de ces produits ont connu une croissance à deux chiffres. La Chine compte pour 15 % du marché mondial de ce secteur. Le pays est notamment devenu le deuxième plus grand marché de Porsche, avec 14 785 voitures vendues en un an. Les articles Louis Vuitton sont sans doute les préférés des consommateurs chinois.

Selon les chiffres récemment publiés par Goldman Sachs, le montant de la consommation d'articles de luxe a atteint, en 2010, 6,5 milliards de dollars américains en Chine, soit le taux de croissance le plus élevé dans le monde durant trois années consécutives. Selon les estimations de Goldman Sachs, dans les cinq ans à venir, le nombre de personnes désirant consommer des articles de luxe passera de 40 à 160 millions.

Les articles de luxe se vendent à l'étranger à des prix bien inférieurs

Les amateurs de luxe ont découvert que par rapport aux prix très élevés pratiqués en Chine, les articles se vendent bien moins cher à l'étranger.

En Chine, un sac à main de Nine West coûte 400 ou 500 yuans, mais aux États-Unis il se vend environ 30 dollars. Un Burberry coûte plus de 10 000 yuans en Chine, mais à l'étranger il se vend avec une réduction de 70 % ou 60 %. Le prix d'un sac Chanel à l'étranger est l'équivalent de 9 000 yuans moins chers qu'en Chine.

Pour faire des achats à l'étranger, « plus on achète, plus on trouve son compte ». À la fin de l'année dernière, Tang Jia, un jeune homme de 27 ans, était en stage de formation en Grande-Bretagne. Avant son retour en Chine, il a rempli sa valise et son sac d'articles Chanel, Dior, LV et Miumiu.

« Heureusement, je n'ai pas pu acheter le sac Hermès pour ma sœur aînée, sinon, j'aurais eu un excédent de bagages », a-t-il déclaré. « Ce sont les sacs que mes amis m'avaient demandé de leur acheter ». Durant son voyage de retour, il ne s'est pas séparé de son gros sac contenant l'équivalent de plus de cent mille yuans.

Comme Tang Jia, beaucoup de voyageurs chinois repartent avec de grandes valises chargées de produits. Nombreux ont dû payer des frais pour excédent de bagages.

Selon un reportage, en 2010, les touristes chinois ont dépensé en Grande-Bretagne un milliard de livres sterlings (11,2 milliards de yuans environ). Au début de 2011, un bon nombre de touristes chinois ont soulevé une vague d'achat d'articles de luxe sur le marché britannique. Les médias britanniques ont décrit ce phénomène comme la consommation par les « livres sterlings de Beijing ».

« Les Chinois payent de leur poche et le monde entier gagne de l'argent ». Pour accueillir les clients chinois, les détaillants européens et américains ont fait des préparatifs : les vendeurs et vendeuses parlant chinois sont prêts à recevoir les clients, la danse du lion est exécutée à l'entrée des magasins, les vers parallèles écrits en caractères chinois sont apposés à la porte. Pour ne pas épuiser le stock de sacs de qualité supérieure, quelques magasins ne permettent aux clients chinois qu'un maximum de deux sacs, un grand et un petit. Les grands magasins disposent de machines permettant aux clients chinois de payer avec leur carte Union Pay.

Faut-il restreindre ou encourager les taxes sur les articles de luxe ?

En fait, si l'on ne connaît pas le mode de fonctionnement du secteur des articles de luxe, amener les gens à la consommation d'articles de luxe par un allégement de la fiscalité et une baisse des prix sera difficile et peu efficace.

D'après les professionnels, le coût de revient d'articles de luxe est bas. Pour baisser davantage le coût de revient, quelques groupes d'articles de luxe ont recours à des sous-traitants chinois. Entre eux, il existe un accord selon lequel les sous-traitants ne peuvent révéler les marques qu'ils fabriquent. Pour obtenir ces juteuses commandes, les usines s'enferment alors dans le mutisme le plus complet. Les produits fabriqués sortent de la douane pour être embarqués dans des cargos, puis reviennent en Chine où ils sont vendus avec le label du pays producteur.

Ainsi, des articles de luxe fabriqués en Chine deviennent des produits importés.

Les fabricants dépensent souvent peu d'argent pour la publicité. Pour se faire valoir, de nombreux magazines font de la publicité gratuitement pour les articles de luxe. Certains magasins leur offrent également des mesures préférentielles, comme des exonérations de loyer, la prise en charge des transports ainsi que les coûts d'installation et de rénovation.

Bien que le coût de revient soit très bas et les bénéfices énormes, les prix des articles de luxe ne baissent pas. « L'image des marques est plus importante que leurs ventes. Mieux vaut être invendable que de faire une remise. Cela permet aux marques de survivre de nombreuses années. Si l'on se met à accorder des remises, la marque sera morte dans deux ou trois ans », affirme un professionnel. C'est pourquoi un allégement des taxes ne fera pas baisser les prix.

Ce dernier ajoute qu'à l'heure actuelle, un même article pourrait être vendu plus bas, mais en Chine il se vend à un prix plus élevé. C'est parce que les Européens et les Américains n'ont pas le culte des articles de luxe. Aux yeux des consommateurs chinois, russes et japonais, les marques européennes peuvent revaloriser leurs relations humaines. Les articles de luxe sont leur « carte d'identité ». C'est pourquoi, plus l'article est cher, plus il y a d'acheteurs...

Cela signifie que l'augmentation des prix due à l'élévation de la taxe ne peut pas limiter la consommation d'articles de luxe. Guo Wei, membre du conseil permanent de l'Association chinoise des fiscalistes certifiés, explique que la vente d'articles de consommation de luxe est avant tout ostentatoire. « Les consommateurs n'ont que faire des taxes. Même si ces dernières sont de 300 %, les acheteurs ne manqueront pas. » Pour les amateurs d'articles de luxe, l'élévation de la taxe les poussera à acheter des articles à l'étranger.

« La consommation d'articles de luxe n'est pas un pur phénomène économique », a dit Guo Wei. « Un jour viendra où les Chinois changeront leur concept de la consommation d'articles de luxe, mais cela sera un long processus au cours duquel les Chinois paieront davantage d'argent », estime-t-il.


china.org.cn 2011/03/16